Caroline, maman de 2 « lutin », 2 ans 1/2 et 10 mois – Pays d’expatriation : le Chili
Elle est la créatrice de la belle marque Pioupiourico, une gamme de jeux qui permet de travailler sur l’identité française (fêtes nationales, temps forts du calendriers tricolore, spécialités régionales, monuments) avec les petits issus de double culture ou qui grandissent dans la mobilité internationale du fait de l’expatriation professionnelle des adultes. Sa jeunesse, elle l’a passée à l’étranger, au Moyen-Orient en Arabie Saoudite. Enfant expatrié, elle est désormais mère, établie hors de l’Hexagone et nous parle avec beaucoup de sincérité et d’émotion de ses souvenirs et du challenge qu’elle relève actuellement dans son nouveau rôle de parent expatrié.
Est-il plus facile d’élever un enfant dans un autre pays que le sien quand l’on a soi-même grandi dans la mobilité internationale ? Elément de réponse avec le témoignage de Caroline.

Vous avez été enfant expatrié, quel souvenir gardez-vous de votre enfance et vie à l’étranger ?

Des souvenirs d’enfant chargés en émotions fortes (comme sur les photos ci-dessus de Noëls dans le désert !). Tout d’abord, la solitude et l’ennui. Je suis restée 13 ans en Arabie et j’ai trouvé ça douloureux de ne voir mes grands-parents seulement une fois par an. Difficile le manque de la famille
C’était fatiguant de se faire des amis dont on doit se détacher assez vite car ils rentrent en France ou repartent ailleurs. Pour finir, l’Arabie n’offrait pas beaucoup de possibilité en termes de divertissement et richesse culturelle.
Je tiens à souligner qu’à l’époque il n’y avait pas internet, cela change tout, on peut maintenant garder un lien avec sa famille et ses amis et découvrir plein de choses par ce média.
Ensuite, ce n’est que lorsque je suis rentrée en France que je me suis rendue compte de l’expérience incroyable que j’avais vécue. Elle m’a permis de parler 3 langues dès le plus jeune âge, d’être plongée dans un univers multiculturel et de devenir, comme tout enfant expatrié de 3ème culture, une personne ouverte d’esprit et curieuse.

A l’époque apportait on autant de « considération » à l’enfant expatrié ? Parlait-on autant des difficultés de l’expatriation ?

Je ne peux répondre que pour mon vécu au travers de ce témoignage. Mes parents avaient aussi leurs challenges et restaient persuadés que nous étions des privilégiés, mon frère et moi, de vivre à l’étranger. Je ne pense pas que papa et maman percevaient les difficultés que nous pouvions avoir.

Pensez-vous que l’on éduque de la même façon lorsque l’on est parent en France et lorsque l’on s’expatrie ?

En regardant mes amis aujourd’hui, il me semble que l’on soit expatrié ou non, on cherche tous à ce que son petit soit heureux. On a juste des challenges différents. Sur le territoire tricolore ce sera la difficulté de trouver une crèche ou une nounou, ailleurs, loin de nos racines, on s’inquiétera de l’apprentissage du français, de son adaptation à son nouveau pays.

Pensez-vous que c’est plus facile d’élever des petits dans la mobilité internationale lorsque l’on a connu soi-même cette expérience de vie pendant sa jeunesse ?

Sans doute, on est plus vigilant sur certaines choses et on est convaincu que la transmission culturelle et identitaire est essentielle au bon épanouissement de son enfant expatrié (c’est ainsi que les jeux Pioupiourico sont nés). Une des premières questions que l’on pose quand on rencontre une personne est « d’où viens-tu ? », c’est une question très anxiogène pour les jeunes de troisième culture. Ils doivent pouvoir y répondre sereinement. J’ai mis près de 30 ans à savoir le faire, je suis française tout simplement.