Si vous avez déjà vécu un départ à l’étranger ou que vous changez de pays en famille régulièrement, vous savez alors à quel point l’étape de l’annonce du déménagement est cruciale pour tous les petits et les adolescents. Vous savez également que la façon de présenter les choses à l’enfant conditionne en partie la réussite de l’aventure. 
C’est pourquoi préparer son expatriation en choisissant les bons mots est si important. De quelle façon s’exprimer, comment amener le sujet et le préparer à accepter ce changement de viey a-t-il des mots interdits ? Réponse dans cet article. 

Pré-requis numéro 1 : pour préparer son expatriation, parents, soyez en phase avec vous-même !

Inutile de tourner autour du pot ou d’opter pour des termes compliqués : l’enfant est une éponge et s’il ne comprend pas ce qu’est une expatriation professionnelle ou une mutation, il sentira dès les premières secondes votre hésitation. Le fait que vous soyez mal à l’aise dans le discours et dans votre attitude, le rendra certainement anxieux et le placera immédiatement dans une situation d’acception du projet très délicate. En effet « pourquoi me réjouir si papa et maman sont tristes et / ou angoissés ? ». 
Il semble important de prendre déjà soi-même et en couple, du recul sur ce changement de vie pour se sentir bien avec ce projet et ce nouveau pays d’expatriation 
Si vous êtes positif, les petits le seront aussi. Cela ne signifie pas que vous n’avez pas le droit de vous poser de questions mais vous devez être relativement en phase avec vous-même. Si vous sentez qu’il est nécessaire de laisser passer quelques jours pour mieux digérer cela, accordez-vous cette parenthèse, elle n’en sera que bénéfique. Pour le préparer vous devez vous-même vous être préparé. 

Exposez simplement la situation pour expliquer « pourquoi partir vivre à l’étranger ? »

L’idéal est d’opter pour un discours chronologique. Pourquoi  ? Parce que la situation sera plus facile à comprendre pour lui et elle répondra tout simplement à cette grande question « pourquoi partir vivre à l’étranger ? ». Voici une articulation simplepour préparer votre annonce de départ : 

  1. Les raisons du départ : un nouveau travail à tel endroit, une mission à l’étranger pour quelques temps, etc.  
  2. La prise de décision : « On a accepté » ou « on aimerait accepter pour telle et telle raison » 
  3. Quelques grands changements à venir : mais ne les listez pas tous, choisissez-en 2 ou 3 maximum, pas plus et surtout positivez votre discours : parlez par exemple du déménagement, des nouveaux amis qu’il se fera à l’école, et surtout de tout ce qui va être nouveau et qu’il va découvrir avec bonheur : paysages, monuments, lieux, plats, activités sportives, etc.  
  4. La phase de réassurance : qui consiste à expliquer que de nombreuses familles vivent et ont vécu la même expérienceriche et formidable. S’il y a sur place une communauté d’expatriés francophones, dites-leur que d’autres Français sont déjà sur place et que vous les rencontrerez. Il pourra déjà se faire des amis. 

Vous pouvez vous appuyer sur les loisirs, son hobby et faire le lien avec votre prochaine destination : « toi qui voulais tant essayer la karaté et l’aïkido tu vas pouvoir le faire dans le pays des arts martiaux ! Tu rêvais d’aller voir la Statue de la Liberté, on ne sera pas très loin, tu vas pouvoir réaliser ton rêve »  
Pour chaque chose qui lui semble compliqué, évoquez une solution toute simple. Exemple : « Comment on fera pour voir papi et mamie ? Tu pourras les appeler et les voir autant de fois que tu veux grâce à la caméra du téléphone ou de l’ordinateur, et puis on rentrera les voir pour les grandes vacances et à Noël ! ». 
L’important étant de positiver le discours pour lengager sur la voie de l’acceptation. Il sera alors plus facile de préparer son expatriation. Proposez-lui un projet de correspondance scolaire.

     5. Le timing : la date de départ et le temps restant à mettre à profit pour préparer son expatriation et celle de toute la famille. Évoquez clairement chacune des étapes dans leur ordre chronologique. 

Adaptez votre discours et mettez-vous à son niveau

Le jour J, choisissez votre vocabulaire en fonction de l’âge des enfants. Si votre fratrie comporte des petits et des adolescents, faites le choix de mots qui parleront et seront compréhensibles par les plus petits. 
Inutile de parler d’expatriation à un enfant, c’est un terme que même certain adultes ne connaissent pas. 
Mais dès 3 ans, il est en capacité de comprendre ce que signifie «avoir une autre / nouvelle maison », qui est « plus loin ».  
Notez que parler de « déménagement » sera déjà plus conceptuel pour lui surtout s’il s’agit d’une première expatriation. Mais si vous avez des très jeunes et des plus grands et que vous décidez de parler de déménagement, pensez à expliquer ce terme : « déménager c’est emmener toute la famille (énoncez les membres) pour vivre ailleurs (dites de quel pays il s’agit) ».  
Demandez-lui d’aller cherchez son globe terrestre, sa mappe monde ou son encyclopédie qui contient la carte des continents et montrez-lui où se situe le pays. Voilà une idée toute simple pour commencer à préparer son expatriation et l’aider à se projeter. 

Évoquez quelques changements et rassurez-le

Il est important pour bien le préparer d’évoquer quelques-uns des grands changements qui l’attendent. Mais attention, n’allez pas l’excès, au risque de créer un cadre anxiogène qui viendrait ajouter une multitude de peurs et d’angoisses. Pour l’amener dans l’acception de ce départ, vous devez obtenir une sorte d’engagement de sa part qui est une clé essentielle pour l’aider à bien préparer son expatriation.   
Mettez des mots simples sur ce qui va se passer.  
Voici un exemple concernant le déménagement : « Tu vas bien sûr emmener avec toi toutes tes petites affaires [vous pouvez citer quelques-unes des choses que votre chouchou affectionne plus particulièrement]. On va les mettre ensemble dans des cartons / des boites et tu les retrouveras là-bas. »   
« Ensemble », « tous les deux », « avec tes frères et sœurs », « avec l’aide de papa », sont autant de termes rassurants qui adoucissent la « brutalité » de l’annonce et des changements qui vont s’opérer. Ces mots apporteront douceur et réconfort, comme autant de baisers déposés sur son front.  
De même, souvenez-vous que jusqu’à 6 ans (voire plus pour certain) la notion de temps est très compliquée à s’approprier. Pour les plus petits, dites que vous partez dans « xx » dodos, c’est beaucoup plus concret. A 6 / 7 ans, ayant entamé sa scolarité, il a pu apprendre les mois, il est alors un peu plus facile de dire que l’on part dans tant de semaines ou tel mois. Mais n’hésitez pas à utiliser un calendrier pour mieux visualiser la période restante jusqu’au grand jour et mieux se préparer au départ. 

Laissez place à la communication, soyez sincère et laissez-le s’exprimer

Répondez absolument à toutes ses questions, n’en évincez aucune : vos réponses feront parties des fondations qui lui permettront de préparer son expatriation. Vous ne savez pas quoi lui répondre ? Dites-le-lui tout simplement, l’incertitude et l’inconnu font parties de l’aventure …  
Il vous demande si vous avez peur ? Répondez-lui avec sincérité et bienveillance : « comme toi, je me pose aussi beaucoup de questions, c’est normal, mais je sais que tous ensemble, en famille on arrivera à tout surmonter car on est là les uns pour les autres. 
Il est triste ou en colère ? C’est tout à fait normal, pas d’inquiétude si son comportement ne change pas outre mesure ou durant une trop longue période. 
Accueillez ses sentiments, posez-lui des questions pour identifier les sources d’angoisse, dites-lui qu’il peut à n’importe quel moment venir vous parler, vous questionner. Laissez la porte grande ouverte : le temps de digestion de l’annonce peut être plus ou moins long. 
Utilisez les livres comme espace d’échange : je vous conseille la catégorie « livre enfant expatriation ». 
Je ne peux que vous conseiller amicalement et chaleureusement le livre « C’est parti, on déménage » de la collection « Globe-Trotteurs même pas peur ». Elle est signée Anne Portier-Maynard et Alexandra Gagne, deux mamans expatriées. Un outil précieux pour vous aider à préparer son expatriation. 
Enfin ne laissez pas de côté l’option coaching, le recours à ces professionnels comme le Réseau PsyExpats qui sont eux-mêmes parents en expatriation peuvent être très utiles pour l’aider à surmonter cette période et lui donner des clés pour préparer ce changement de vie.