Stéphanie maman de Maëlle 7 ans & Léandre 5 ans – Pays d’expatriation : Vietnam, Thaïlande, Sri Lanka, Philippines

Partie vivre à l’étranger avec sa famille, Stéphanie nous livre un témoignage d’expatrié très réaliste de ce que veut dire être bilingue : entre difficultés rencontrées et immense richesse apportée, elle nous explique comment se vit au quotidien le bilinguisme pour l’enfant en expatriation … ou quadrilinguisme devrions-nous dire ! Rencontre.

Les difficultés du bilinguisme pour l’enfant en expatriation et sa famille expatriée

Notre petite famille est expatriée depuis une dizaine d’années. Maelle, 7 printemps est née en France et son frère de 5 ans, Léandre à Bangkok. Nous n’avons jamais vécu tous les 4 dans un pays francophone et nos enfants ont déjà renouvelé leurs passeports 2 fois. Après le Sri Lanka, la Thaïlande et les Philippines, nous venons d’emménager au Vietnam où nous serons pour 48 mois. Alors oui, le bilinguisme, on connait !
Je suis française, mon mari suisse, donc le français et l’allemand sont très utilisés dans notre foyer. Quant à l’anglais, il est pour l’école et la nanny. Le bilinguisme pour notre enfant en expatriation est là depuis leurs tous premiers jours. Dès leur plus jeune âge, nous avons toujours insisté pour que nos petits bilingues ne les mélangent pas. On discute dans l’une ou l’autre mais pas de mix possible dans une conversation, c’est une règle d’or.
La tendance est pourtant de souvent commencer dans l’une et d’opter pour une autre pour continuer leur phrase. “Mum tu me donnes ma jacket please ?”. “Leandre don’t mess avec mes affaires”. Je les corrige automatiquement (“choisis ta langue mais pas de mélange”). Je dois bien avouer que parfois ils me corrigent aussi … ! Et ils ont vite compris à qui s’adresser et dans quel langage.

Devenir bilingue : l’apprentissage des langues étrangères et l’environnement

Leur challenge n’était pas tant l’expatriation mais de parler allemand. Pendant des années ma fille a refusé ce bilinguisme, en dépit des efforts de mon mari pour ne communiquer avec elle uniquement en allemand. Parce que personne d’autre que lui ne parle cette langue (moi non plus). Petits, les enfants ont besoin de conformité. Elle lui répondait toujours en français ou en anglais et quand il lui parlait en public elle faisait mine de ne pas comprendre… On a laissé faire, sans jamais la forcer. Mais il n’a pas cédé à la facilité de lui parler d’une autre façon. Et lors de nos dernières vacances en Suisse elle a rencontré une fille de son âge qui ne parlait que l’allemand. A notre grande surprise, elles ont passé la journée à s’exprimer dans le même système linguistique (avec certes, un accent tricolore terrible selon mon mari, mais au moins nous avons pu constater que les efforts n’avaient pas été vains !). Mon fils en revanche le parfaitement avec son père, c’est même leur « mode de conversation secret ».

Grandir dans la mobilité internationale ou comment passer du bilinguisme au multilinguisme !

En plus de ces 3 langues étrangères qu’ils maîtrisent parfaitement (ils étudient dans une école britannique), ils ont appris le mandarin pendant 2 années et gagné des cours de diction. Cette année, ils ont commencé les cours de vietnamien !

Le bilinguisme est quelque chose de très facile pour des enfants. Ils ont même appris le chinois ! Je trouve fascinant de les entendre prononcer naturellement des sons que mon je suis incapable de répéter correctement. Même une seule fois ! Contrairement à ce que je pensais, apprendre si jeune n’est pas fatiguant, au contraire. Le bilinguisme aide au développement du cerveau !
Nous entretenons très facilement leur français, et les séances de Skype avec les grands parents et les cousins aident aussi. C’est le langage que j’utilise et nous avons un petit groupe d’amis francophones. On apprivoise l’écrit en lisant beaucoup, mais il est clair que des cours de grammaire et de conjugaison seront bientôt nécessaires. Je n’avais jamais réalisé le niveau de difficulté d’apprentissage avant de devoir l’enseigner et de devenir maman expatriée ! S’ils ne me parlent que dans ma langue maternelle, j’ai noté que chacun a tendance à communiquer essentiellement en anglais. Surtout quand ils sont fatigués et quand ils rentrent de l’école. Bien sûr je les laisse, entre eux ils communiquent comme ils l’entendent.

L’expatriation, une chance, un trésor pour l’enfant et son avenir

Leur multilinguisme , est un atout certain. Les voir passer de l’une à l’autre, sans accent, ne cesse de me fasciner ! Pour eux le monde n’a pas de frontière : ils ne se sentent pas étranger. Grâce à nos longues périodes de vie à l’étranger et au bilinguisme, ils sont naturellement ouverts sur les autres enfants : ils peuvent communiquer avec la plus grande aisance, sans angoisse, sans appréhension, et je suis persuadée que cette faculté leur donne une vision plus ouverte du monde.
C’est encore tôt pour parler de vocation ou d’envie professionnelle, mais il est clair que leur horizon professionnel ne va pas se limiter à l’Europe et le bilinguisme en est l’une des raisons. C’est amusant de voir comme leurs expressions changent quand ils passent d’une langue à l’autre. On sent cette facilité, ils s’approprient plus qu’un langage, c’est presque une façon d’être le bilinguisme !

Vous pouvez suivre les aventures de cette formidable famille ou les contacter sur leur page Facebook.