Lili Plume, maman de Nathan 9 ans, en expatriation au Mexique après le Brésil
Lili Plume c’est son nom de code : devenue auteur en suivant son conjoint en mobilité professionnelle, elle nous livre un fabuleux roman autobiographique de sa toute première expatriation au Brésil. A lire absolument !
La maman de Nathan, nous parle avec beaucoup de réalisme et d’humour de la difficulté de l’apprentissage du français pour l’enfant en expatriation. C’est en effet la langue maternelle de beaucoup de petits bilingues. Un témoignage d’expat déculpabilisant qui fait vraiment du bien et qui permet d’être confiant et de relativiser.
Etablissement scolaire français, cours particuliers, instruction en famille, quelle solution ?
Après cinq ans d’expatriation (trois ans au Brésil puis deux au Mexique), je me suis vite rendu compte, notamment en discutant avec les gens autour de moi, que la question de la scolarité de l’enfant dans la vie d’une famille expatriée était centrale et parfois même, source de beaucoup d’inquiétudes. Surtout par rapport à la question de l’apprentissage du français et son maintien à la maison : comment gérer l’apprentissage pendant toute l’expatriation de l’enfant ?
Doit-on le mettre dans une école tricolore ? Et s’il n’y en a pas, doit-on l’inscrire à des cours à l’Alliance française la plus proche ? Une amie enseignante (et c’est loin d’être la seule) a même déscolarisé ses trois lutins de l’école mexicaine locale où ils étaient pour reprendre toutes les bases en homeschooling avec l’instruction en famille : « Je ne veux pas que mes petits perdent leur identité culturelle pendant l’expatriation, cet apprentissage est trop essentiel à mes yeux » m’a-t-elle déclaré.

Les incroyables capacités d’apprentissage des petits : ou comment devenir bilingue
Pour ma part, le problème a été assez vite réglé à mon arrivée au Brésil en 2014. Il n’y avait, dans la ville où nous avions atterri, pour mon fils d’alors quatre ans, aucune possibilité de prendre des cours pour l’apprentissage du français pendant notre expatriation. Pas d’établissement francophone, pas de cours non plus dans l’antenne de l’Alliance. Et nous lui avions même compliqué la tâche en l’inscrivant dans un établissement scolaire canadien bilingue (pour l’apprentissage de l’anglais et du portugais) qui en plus, ne dispensait que des cours en anglais dans les petites classes ! Il est donc arrivé dans une école où il ne comprenait pas un traitre mot de tout ce que l’on lui racontait en anglais. C’est ainsi que l’apprentissage du portugais pour notre enfant s’est fait tout naturellement avec ses petits copains dans la cour !
À certains moments, je me suis dit que nous étions des parents complètement fous d’imposer ça à notre fils. Une situation extrêmement stressante pour les parents et certainement aussi, pour l’enfant car l’expatriation est déjà en soit chargée en bouleversements.
Maman, conjoint d’expatrié et super héroïne au quotidien
Avec le recul, il me semble que concernant l’apprentissage des langues, nous avions pourtant fait le bon choix. En quelques mois, notre enfant s’est mis à parler un portugais parfait qui, selon nos amis brésiliens, ne le dissociait pas d’un cheveu de ses autres camarades ! Et l’anglais parlé et écouté toute la journée à l’école est devenue une langue quasi naturelle pour lui. Il la pratique encore aujourd’hui dans les structures bilingues du Mexique.
Et qu’en est-il de son français ? Eh bien c’est moi qui m’y suis collée ! Parce que je suis professeure des écoles ? Parce que j’aime la langue de Molière ? Peut-être… mais d’abord parce que je n’avais pas le choix ! Et enseigner le français (écriture et lecture) à son propre enfant, c’est le métier le plus ingrat qui soit ! Rébellion ! Chantage affectif ! Menace ! Tout y passe ! Dur, dur cette partie de l’expatriation !
Certaines femmes d’expat, pour éviter cela, mettent en place des “échanges d’enfants” pour l’enseignement du français. Passe-moi ton fils, prends le mien et bonne chance ! Et c’est encore plus vrai quand les mamans ne sont pas institutrices…
Mais enseigner le Français à son enfant dans une vie d’expatrié reste une opération difficile pour une raison majeure : il faut trouver le temps !
Au Mexique et au Brésil, les après-midis sont dédiées aux nombreuses activités : sport, musique, arts… L’enfant n’arrête pas ! Et le soir arrivant, une fois les devoirs effectués, le moment du dîner et de la douche passée, il n’a absolument plus envie de refaire classe ni des devoirs ou exercices pour cet apprentissage-là. Le weekend, c’est la même histoire. En expatriation, il faut s’adapter et être rusé avec l’enfant…

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Moi, j’ai adopté la tactique suivante : je glisse un mini exercice à réaliser sur l’ordinateur partout dans son emploi du temps. L’important : que cela reste une habitude sans que je n’ai à lui demander de reprendre son stylo et du papier, que ça soit court et le plus ludique possible !
Je profite aussi toujours de l’été et du retour en France pour lui proposer de travailler avec ses cousins et cousines et qu’il soit porté par des copains scolarisés en école francophone. En essayant de ne jamais le mettre en situation d’échec pour ne jamais le bloquer. J’ai toujours cette peur que mon enfant refuse catégoriquement de faire du français où qu’il finisse par le considérer comme une contrainte plutôt qu’une chance incroyable.D’autant que pour l’avoir vu apprendre à écrire le portugais et l’espagnol, le français reste une langue à l’orthographe abominable ! « Et cette lettre-là, on ne la prononce pas, celle-là non plus, celle-là non plus… et le son [o] on peut le faire de trois manières o, au, eau … Pourquoi ? Ne me le demande pas mon petit chéri … ! »
Bref, pour conclure je dirai qu’enseigner le français à sa progéniture, ce n’est pas une mince affaire. Il faut trouver la bonne formule, celle qui convient le mieux à la famille et qui tient compte des contraintes de l’expatriation de chacun, et surtout ne pas trop stresser avec l’apprentissage. Voilà mon profond sentiment : si un enfant n’a pas de difficulté particulière, tout se passera bien. L’enfant développe de toute manière de formidables aptitudes à l’apprentissage des langues pendant son expatriation. Il ne faut pas les sous-estimer, lui laisser du temps et lui trouver des ressources pédagogiques faites pour lui. Ainsi le français ne disparaîtra pas de sa vie !